Autopsie
d’un sans-papier

 

 

Olivier Las Vergnas

 

 

 

Roman pour le passager clandestin

 

Texte du 27/12/2008

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Penda, Rama et Olive.

 


A toutes les poussières de quota du monde.

 

 


Merci.

 

 

On ne naît pas malheureux. On le devient. C'est lorsque nous prenons conscience de la possibilité de moins souffrir que nos malheurs se mettent à nous brûler et à nous dévorer. Découvrir que l’humanité toute entière n’est pas forcément soumise aux mêmes tourments, découvrir qu’il existe des personnes dont le sort et la vie sont moins désespérés que les nôtres, éveille en nous la colère et le désespoir.

 

Je suis né et j’ai grandi dans un pays qui n’était pas le mien. En sortant de l’enfance, j’ai compris que mon pays à moi n’existait pas, qu’il n’était nulle part. Je me souviens parfaitement du jour où je me suis rendu compte que nombre de gens avaient la chance de vivre, non seulement dans un endroit où ils avaient le droit de résider, mais même dans un coin à eux. Certes, plus tard, j’ai fini par comprendre que ma situation n’était pas non plus si rare et que beaucoup d’êtres humains n’étaient, comme moi, que tolérés sur la planète, mais cela n’a pas suffi à me remonter le moral.

 

On ne naît pas sans papiers. On le devient.  Je ne sais d'ailleurs pas précisément quand j’ai officiellement rejoint cette grande famille des parias dûment homologués. On a attendu des mois et des mois la réponse à notre demande pour bénéficier du statut de réfugiés. Au début, mes parents pensaient qu’au pays des droits de l’homme, ce n’était qu’une formalité ; les semaines se sont succédé sans résultat. Un jour, il a été clair pour eux que notre sort était scellé. Tellement scellé qu’ils ont décidé de se cacher avant de finir par se faire rafler.

 

Entre temps, il y avait eu les deux années où m’avait été reconnu le droit de préparer mon Bac Pro. J’avais échoué dans ce lycée professionnel, résolu à attendre heure après heure que le temps s’écoule comme il s’était toujours écoulé pour un apatride sans espoir comme moi. Je ne m’attendais pas du tout à découvrir dans cet internat de Seine-et-Marne le goût à la vie. Et pourtant. C’est là que j’ai passé des mois passionnants à fabriquer un petit robot agricole et à me laisser apprivoiser dans un atelier d’écriture. A me construire. C’est là que je me suis pris à espérer en un avenir meilleur pour moi. A espérer, jusqu’à ce vendredi, les flics à la sortie du lycée, la rafle évitée de justesse et la fuite qui m’a propulsé dans les griffes d’Otto. 

 

On ne naît pas avec l’envie de tenir son journal. Elle survient un jour. Les circonstances peuvent nous empêcher de nous lancer tout de suite : il m’aura fallu trois ans pour passer à l’acte. Trois ans et le remue-ménage de Samira.

 

Parce que c’est l’atelier qu’elle animait dans mon lycée qui m’a donné cette envie, je voudrais dédier cette tentative à Madame Lepouliguen, ma prof. de français. Et à son drôle de chignon. Merci d’avoir existé dans ma vie. Merci de m’avoir fait connaître le « journal d’Anne Franck » et donné l’envie et les moyens d’écrire que « Je m’appelle Sirwan. Je ne suis ni un saint, ni un salaud, je ne suis qu’un sans-papier de 22 ans qui va se lancer dans l’écriture de son quotidien… »

 


 

 

 

 

 


Acte 1

Agression

 

 

17 et 18 avril

 



 


Dix-sept avril : morsure

06h15 

 

Les nuages lacrymogènes s’évanouissent déjà. Sur la dalle en contre bas, les lampadaires au sodium jaunissent les derniers filaments de gaz.

 

La rafle se termine. La brigade finit de nettoyer la tour la plus éloignée de la voie rapide. Par trois, les gardes mobiles sortent en trottinant de la cage d'escalier. Chaque trio évacue un sans papiers. Tirés à bout de bras par les mains et les chevilles, certains sont transportés à plat ventre, d’autres sur le dos. Beaucoup s’épuisent à se tortiller. La file des capturés s'allonge au fur et à mesure, s’enroulant autour de deux autocars gris. Ils sont maintenant une bonne trentaine, menottés, tenus en respect par une dizaine d'hommes agitant ostensiblement des pistolets électriques.  Un peu à l'écart, une silhouette se tord de douleur, sans doute électrocutée par les RGIGN à qui elle essayait de tenir tête.

 

« Allez, tu en as assez vu.», crie Otto en m'arrachant des mains les jumelles qu'il m'avait tendues dès notre arrivée au sommet de cette côte. « Monte vite dans la bagnole, mon gars, qu’on aille décharger les citernes. Il va faire jour et il ne faut pas faire attendre Samira. »

 

Je retourne me glisser sous ma couverture entre les rangées de sièges de la Logan. Pour me faire voir ce spectacle, mon protecteur s’est garé en haut de la grande rue qui dévale du plateau vers l’étang de Viry. De là, à l’œil nu, on distingue à peine les véhicules de police et les autocars des raflés qui quittent la Cité des aulnes, de l’autre côté du complexe sportif des étangs. Sans les jumelles prévues par Otto, je n’aurais rien vu.

06h30 

 

Un quart d’heure plus tard, nous sommes de retour à l’abri où je vis reclus au service d’Otto depuis trois ans. Dissimulé à l’arrière de la voiture, je suis, comme à chaque fois, dans l’incapacité de reconstituer le chemin emprunté par mon protecteur pour rentrer à la nasse ; cependant, j’ai très nettement senti l’odeur acre des lacrymogènes s’immiscer sous la couverture. Il n’en fallait pas plus pour réveiller ma migraine chronique. Otto a sciemment traversé la zone de la rafle dès le départ des flics. Ce pervers prend plaisir à réactiver mes souvenirs. Pour me maintenir sous sa dépendance, rien de mieux que de me  remettre face à la violence d’une rafle et à l’âpreté des gazages.

 

Sitôt la voiture rangée dans le box, j’entends Otto sortir et rabattre précipitamment le volet à bascule qui nous soustrait à la vue du monde extérieur. Je me libère de ma couverture et descends, accroupi, par la porte arrière droite. Dehors, le jour pointe. En deux temps trois mouvements, nous sortons quatre gros bidons et deux jerrycans par le hayon du break. Il faudra ensuite à peine quelques secondes à Otto pour entrouvrir à nouveau le volet du box et se faufiler pour disparaître sur la dalle en me lançant « Appelle ta chérie et Bono, qu’ils viennent t’aider à descendre ce bazar ». Depuis qu’il a compris ce qui se passe entre Samira et moi, Otto ne peut s’empêcher de me provoquer, comme si être amoureux constituaient le summum du sacrilège pour un Kurde  enfermé dans une cave et une ivoirienne sanspap.

06h45 

 

Le rangement n’a pas trop mal débuté malgré mon mal de tête. Sam a tout de même commencé à me faire la gueule parce que je l’avais réveillée sans l’embrasser. Elle est tellement soupe au lait que ce genre de truc peut la faire exploser. On a pas mal palabré et elle a fini par accepter mes excuses. Ensuite elle a reconnu qu’elle exagérait : si elle était furieuse, c’est parce qu’elle espérait pouvoir parler avec Otto d’un truc important et que ce salaud s’était évanoui sans lui adresser la parole. J’ai essayé d’en savoir plus, mais elle est restée muette comme une carpe. J’ai juste cru deviner qu’il s’agissait d’une livraison sur laquelle elle comptait beaucoup. Peut-être une histoire de tissus qu’Otto devait lui donner sachant sa coquetterie et sa passion de la couture ? A vrai dire, elle a l’air bien trop dépitée pour qu’il ne s’agisse que d’un cadeau en retard. Bizarre qu’elle attende quelque chose d’important dont je ne sois pas au courant.

 

Elle ne m’en a pas dit plus, mais s’est confondue en excuses d’avoir boudé. Ensuite, elle m’a aidé à tout descendre avec beaucoup de cœur à l’ouvrage ; la totalité du matériel a été rangée en trois allers et retours. Elle s’était roulée dans un boubou jaune vif, juste tenu par une large ceinture rose. En deux minutes, elle s’était métamorphosée en couverture de magazine. Avec ces deux chiffons, elle illuminait la nasse.  Sautillant en tout sens, la vieille Bono nous encourageait avec son sourire habituel. Dès qu’il y a un peu d’agitation, elle se réveille et se croit retournée en enfance. Cette authentique chimpanzée est presque aussi prévisible qu’un robot. Comme chaque fois que Sam a les deux bras occupés, elle en a profité pour lui monter sur le dos et l’embrasser dans le cou. Tout allait encore bien.

 

Le drame est arrivé quelques minutes plus tard. C’est là que tout a basculé. Pourtant, d’abord, j’ai pensé que Samira l’avait échappé belle.

 

Avec l’aide de Bono, nous étions affairés à empiler notre arrivage sous l’échelle quand Attila lui a sauté dessus. Depuis mon retour, il était vautré, collé au radiateur à huile qui chauffe notre cave ; tout à coup, il a cessé de ronfler et s’est jeté sur la jambe de Sam. Quand j’ai vu la mâchoire agripper son mollet, j’ai bondi pour attraper une barre de fer. C’est un réflexe. Je sais que c’est la seule solution pour arrêter ce genre de molosse de quarante kilos : leur enfoncer n’importe quoi d’assez solide dans la bouche pour faire levier. Glisser la barre entre les dents d’acier et s’arc-bouter pour bloquer le cisaillement avant que les molaires n’écrasent l’os et le pulvérisent en mille morceaux.

 

Mon geste a sauvé le tibia de Samira. Par chance, j’ai eu le temps de reprendre le contrôle sur Attila avant que les deux autres chiens ne bougent et on a évité le carnage.  J’ai fini de le neutraliser avec la méthode habituelle du sac noir en kevlar autour de la tête. C’est imparable : très vite l’oreille interne s’affole et les chiens perdent le contrôle, toute la technique résidant dans le tour de main pour envelopper le museau et la totalité de la tête sans se faire happer par les mâchoires.

 

Attila avait sans doute détecté un relent de lacrymogène, restant de la rafle qu’Otto m’avait fait observer ce matin. Un peu de gaz a pu s’infiltrer dans la nasse quand nous avons transbordé les citernes et les bidons.

 

En tout cas, Samira est salement amochée. Pas de fracture, grâce à ma barre de fer, mais de grosses déchirures. A moitié inconsciente, elle parvient à s’asseoir sur le bord du matelas. Sa jambe saigne beaucoup. J’improvise un garrot avec un câble d’ordinateur et me précipite à l’autre bout de la nasse, pour aller fouiller dans mon capharnaüm. Dans un des caissons qui supportent mon établi, je retrouve un des cartons contenant des reliques de l’époque où le Dr Otto exerçait encore. Pour le sortir, je fais tomber une vielle pile de magazines d’astronomie qui m’aident à m’évader. En fouillant dans la lumière scintillante du tube fluorescent, je mets la main sur un grand flacon d’antiseptique vétérinaire et des ampoules d’Acupan. En deux enjambées, suivi par une Bono hystérique qui ne me lâche plus d’une semelle, je suis de retour au chevet de la blessée. Après l’avoir embrassée sur le front, j’entreprends de désinfecter tant bien que mal sa plaie. Voyant qu’elle se retient pour ne pas crier, je n’ose insister. Pour la calmer, je lui donne un sucre mouillé d’Acupan, une recette qu’Otto utilise dans les grandes occasions. Bientôt, elle s’effondre, assommée par ce substitut de morphine.

 

Je reste planté là, un temps infini, sur le bord du matelas, à regarder Sam enrubannée de jaune et rose, lui caressant, presque machinalement, l’avant bras. Le pire semble évité, mais je n’ai endigué que la douleur et l’hémorragie. Vu l’insalubrité des lieux, il lui faut au plus vite un traitement de cheval pour éviter l’infection et la gangrène. Pourvu qu’Otto repasse dans les heures qui suivent. Une telle blessure ne guérira pas toute seule. Je ne me fais pas d’illusion, la morsure d’Attila a déclenché un compte à rebours dont l’enjeu est la survie de Sam.

 

Bono a profité de cette angoisse pour escalader l’armoire et se faufiler dehors par la fissure béante qui s’enfonce sous le plafond, derrière les rayonnages occupant le mur sous l’échelle. Une fois dans le vide sanitaire, elle a dû filer par la rigole qui rejoint la saignée de l’autoroute. Elle aime trop Sam pour la laisser tomber. Qu’a-t-elle bien pu aller faire dehors ? Peut-être simplement crier son angoisse.

 

La vieille chimpanzée se sert souvent de cette issue pour sortir se changer des idées. Il faut dire que notre univers n’est pas particulièrement spacieux, surtout pour qui y vit à huit clos depuis trois ans. Certes, la nasse mesure bien six mètres sur quatre au sol, sans compter la fosse qui sert de débarras, mais avec tout ce qu’Otto et moi y avons entassé, il ne reste pas beaucoup d’espace de circulation. Entre le grand sommier-matelas installé perpendiculairement au milieu, mon coin atelier avec son établi à côté du bac double en inox si grand qu’il sert autant de douche que d’évier et tous les rayonnages de stockage qui courent sur tous les autres murs, il est difficile de ne pas se marcher dessus, surtout quand nous sommes réveillés tous les six. Trois molosses, une chimpanzée et deux sanspaps en brassent de l’air. Sans parler des brefs moments où Otto nous fait l’honneur de sa présence dans notre trou. Heureusement que le plafond n’est pas trop bas et que j’ai réussi à installer un éclairage suffisant pour que l’on puisse encore se sentir vivants. Heureusement aussi que j’ai pu trouver de la peinture phosphorescente pour décorer mon univers. Heureusement surtout qu’il y a la passion de Samira pour les couleurs vives.

20h20 

 

D’après mes calculs, la lune est en train de se lever. Là haut, la boule orange tachetée doit s’extraire d’entre les immeubles. Ici, sous terre, la pauvre Samira a dormi toute la journée, assommée par le calmant. Maintenant elle gémit sur le matelas. Otto ne s’est pas montré et je n’en mène pas large.

 

J’essaye de jeter un œil à la plaie, mais rien à faire : Sam replie la couette sur ses jambes et la coince entre ses genoux et ses bras croisés. Elle veut s’en occuper elle-même avec un kleenex imbibé d’antiseptique. Elle grimace en tamponnant la plaie que je finis par entrevoir : j’aperçois une succession de déchirures en pointillés. J’ai le sentiment que des points de suture ne seraient pas bien utiles, mais Sam ne me laisse pas le loisir d’approfondir la question. La myriade d’impacts que j’ai entrevue m’a juste fait penser à une rafale de mitraillette. Ce qui m’inquiète particulièrement, c’est que tout son mollet semble rouge et gonflé. La pauvre se retourne et se recroqueville en fœtus. Je vois bien qu’elle souffre le martyr. Je tente tant bien que mal de l’embrasser sur la tempe gauche. Elle m’évite et mes lèvres parviennent juste à effleurer son front ; elle est en nage. Tout ce que je peux faire en attendant qu’Otto s’en occupe enfin, c’est lui redonner une double dose d’Acupan et deux comprimés de doliprane à tout hasard, pour la fièvre.

 

J’essaye de la faire manger. En ce moment, c’est au choix, raviolis ou thon à l’huile. Le mois dernier, Otto nous en a fourni une demi-palette de chaque, entre tombé-de-camion et banque alimentaire. Malgré mes efforts, Sam n’absorbera qu’un grand verre d’eau et ses médicaments. Quant à moi, je vais aller me faire dormir en sniffant une petite bouffée d’éther.

 

Sam, c’est mon rayon de soleil. Je ne supporte pas qu’une nouvelle menace plane sur elle. Elle n’a pas encore vingt ans, se dit ivoirienne, mais dès que j’essaye de la faire parler de son pays, je me rends compte qu’elle invente son passé au fur et à mesure qu’elle le raconte ; la seule certitude c’est qu’elle vient d’un pays francophone. Tout le reste est oublié, balayé, comme si la violence de sa vie lui en avait fait perdre tout souvenir. Cela ne m’empêche en rien d’être devenu fou d’elle. Je ne saurai dire d’où elle vient, mais je sais que chaque minute avec elle illumine ma vie. Ses robes et ses coiffes colorent la nasse, son sourire apporte l’espoir. Le goût de sa peau habite mes nuits. Son passé est sans doute aussi noir que ses tenues sont bariolées ; les reflets dans ses yeux sont aussi séduisants que son enfance a dû être terrible. Pourtant, si je perdais aujourd’hui son rire, je perdrais tout goût à l’existence. Au lieu de n’être qu’un sans papiers que la vie piétine, grâce à Sam, il m’arrive de me sentir un surfeur des nuages. Samira, je ne sais pas d’où viennent tes montagnes, mais je les escalade ; je ne sais qui nourrit tes fleuves, mais je m’y noie.

 

Moi, aujourd’hui, je ne vis que grâce à Sam ; je l’aime bien plus que tout, même mes étoiles. Elle, elle ne survit que pour son rêve : devenir couturière. Elle m’a dit un jour qu’assembler les tissus est la seule façon de colorer la vie : on ne peut pas changer l’ordre du monde et rendre les gens moins malheureux, on peut malgré tout les parer de joie et d’espoir. Ses yeux éclatent de malice quand elle l’affirme. Trois ou quatre bouts de tissus colorés suffisent à faire son bonheur et Otto le sais très bien. Ses affaires de couture sont rangées dans deux cartons stockés sur l’étagère sous l’échelle de meunier. Souvent, au milieu de la nuit, elle se lève pour aller jouer avec ses tissus et même quelquefois donner corps à une éblouissante parure bigarrée. Elle a un tel talent ! On en oublierait facilement qu’il lui manque trois doigts à la main droite et le majeur de la main gauche. Elle ne m’a jamais dit comment elle avait été estropiée : elle préfère parler de chapeaux, de robes et de boubous. Et ses doigts en moins ne l’ont pas empêchée de me coudre ce si beau Saturne en camaïeu de jaunes sur mon tee-shirt.

 

Chaque jour, je peux vérifier que Samira est plus débrouillarde et moins soumise que moi. Même si nous avons échoué ensemble comme sanpapiers sous le contrôle d’un fou qui se prend pour un juste protégeant des juifs pendant la guerre, nos enfances ont dû être totalement différentes. Certes nous sommes francophones l’un et l’autre, mais moi, j’ai été élevé dans une vraie famille, préparé par mon oncle Bakhtiar à appartenir un jour à la future élite de la République du Kurdistan. Sam, elle, a dû vivre un tel enfer qu’il n’en reste pas la moindre trace. Pour ma part, je ne mettrais pour rien au monde le nez en dehors de la nasse, sauf sur l’ordre express et la surveillance d’Otto ; l’idée même de m’envisager dehors produit en moi une angoisse  irrépressible. Sam,  au contraire, n’hésite pas à sortir pour des escapades de plusieurs heures, voire quelquefois d’un jour ou deux.

22h20 

 

Maintenant la Lune doit être haute dans le ciel. Un jour, j’oserai sortir pour la retrouver et m’y promener avec les jumelles d’Otto. Un jour, dans une autre vie j’aurai le droit d’y envoyer mes robots. Un jour, nous partirons là haut, bien plus loin que les nuages, avec Samira. On slalomera sur la Mer de la Tranquillité et de la journée d’aujourd’hui, il ne restera qu’une simple cicatrice au mollet. Chaque que fois que nous ferons l’amour, je la lui caresserai. Si Dieu lui prête vie.

 

 

pour lire la suite, rendez vous ici en mars 2009